Les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur la gouvernance des entreprises et plus particulièrement sur les assemblées d'actionnaires sont considérables. Selon les données examinées la semaine dernière lors de la conférence annuelle de la Society of Corporate Governance, plus de 2 000 émetteurs ont tenu ces derniers mois une assemblée d’actionnaires virtuelle, ce qui représente une augmentation de plus de 500 %.
À quelques exceptions près, les marchés du monde entier ont réagi pour la majorité avec rapidité et ce à divers degrés. Ils ont en effet pris des dispositions de sorte que les sociétés cotées en bourse continuent à remplir leurs obligations et à tenir leur assemblée annuelle. Aux États-Unis, de nombreux états prévoient bien sûr une disposition législative permettant aux actionnaires d’assister virtuellement aux assemblées, ce qui a dernièrement considérablement facilité l'adoption des technologies virtuelles.
Mais force est de constater la réaction favorable des émetteurs : ils se sont tournés vers les technologies de réunion virtuelle afin de conserver une bonne gouvernance d’entreprise. Il se pourrait qu’en 2020, les assemblées d'actionnaires virtuelles s’avèrent indispensables. Cependant, seront-elles toujours aussi répandues une fois la pandémie finie ?
Ces derniers mois, nous avons organisé plus de 1 200 assemblées d’actionnaires virtuelles dans plus de 28 pays. C'est pourquoi nous pensons que, dans une très grande mesure, le virtuel ou le virtuel associé à une réunion en présentiel beaucoup plus restreinte va perdurer. Nous avons vu un nombre record d'actionnaires participer à des réunions virtuelles. AT&T et M&T Bank ne sont que deux exemples parmi tant d'autres de réunions rassemblant des milliers de participants. Le même niveau d’engagement et de participation a été atteint.
Au cours des dernières années, certains groupes d’investisseurs et conseils en vote ont présenté des arguments critiquant les réunions virtuelles. Cependant, nul n’a réellement expliqué que les réunions purement présentielles sont également très restrictives. Leur discours aurait dû se montrer pro-hybride plutôt qu’anti-virtuel. Récemment, certains marchés, notamment européens, en ont payé le prix fort. Ne serait-ce que dans la perspective de la continuité des activités commerciales, le fait de ne pas être prêt à passer au virtuel ou à utiliser une solution hybride a fait que l’usage du huis clos est devenu particulièrement répandu.
Nous bénéficions désormais d’une vaste expérience en la matière. De toute évidence, au fur et à mesure que davantage de sociétés et leurs actionnaires se familiariseront avec la technologie et les réunions, le nombre de réunions hybrides, en combinant une réunion virtuelle avec une réunion en salle plus restreinte ne cessera d’augmenter.
Une révolution dans l'univers des assemblées d’actionnaires s'imposait depuis longtemps. Il est fort dommage qu'il ait fallu une pandémie mondiale pour provoquer un changement, mais ce changement a eu lieu. La technologie existe, elle a fait ses preuves et elle est flexible. Ce n’est pas la technologie le problème. Il est maintenant de notre responsabilité à tous de définir des bonnes pratiques (et la technologie s’y adaptera) et de veiller à ce que les cadres légaux et juridiques soient solides et clairs.
Reste à savoir si les entreprises opteront davantage pour des réunions hybrides ou virtuelles. Une chose est sûre : l’ère des grandes assemblées d'actionnaires en salle est révolue.